Procès de Jawad Bendaoud : les neuf moments les plus surréalistes de son interrogatoire
Le logeur de deux des terroristes du 13-Novembre a "fait le show", jeudi, alignant propos décousus, mimiques et métaphores douteuses.
Salle d'audience ou théâtre de boulevard ? La première audition de Jawad Bendaoud devant le tribunal correctionnel de Paris, jeudi 25 janvier, a tourné à la comédie. Avec un débit ultra-rapide, le logeur de deux des jihadistes des attentats du 13-Novembre a tenté de démontrer qu'il ignorait héberger des terroristes dans son squat de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).
Mais ses propos décousus, émaillés de mimiques et de métaphores douteuses, ont laissé une désagréable impression aux familles des victimes, venues assister au procès. Franceinfo revient sur les moments les plus surréalistes de cette audience, qui ont le plus souvent laissé de marbre la présidente du tribunal, Isabelle Prévost-Desprez.
Quand il convoque la gastronomie pour se dédouaner
C'est la principale interrogation de ce procès : Jawad Bendaoud savait-il qu'il hébergeait des terroristes dans le squat qu'il mettait à disposition à Saint-Denis ? Le prévenu répond que s'il l'avait su, il ne serait pas rentré chez lui "tranquillou", pour manger "un petit sandwich escalope-Boursin". Pour convaincre qu'il y a eu méprise sur le profil des individus, il lâche cette phrase : "On m'a vendu un bœuf bourguignon, j'ai fini avec un couscous."
#Jawad : « Nan mais franchement vous pensez vraiment que si j’avais su que j’avais des terroristes à la maison, je serais rentré tranquillou chez moi comme je l’ai fait ce soir-là, petit sandwich Escalope-Boursin et petit film Netflix? »
— Cindy Hubert (@Cindy_Hubert) 25 janvier 2018
3/3
— Aurélie Sarrot (@aureliesarrot) 25 janvier 2018
« On m’a vendu un bœuf bourguignon, j’ai fini avec un couscous (…) Personne ne m’a mis au courant. Sur la tête de mon fils, je ne savais pas que c’était des terroristes » #Jawad
Quand il évoque JoeyStarr, SnoopDog et Ben Laden
Comment Jawad Bendaoud pouvait-il imaginer que les personnes qu'il hébergeait pouvaient être les terroristes que toute la France traquait ? Impossible, car c'est comme si JoeyStarr rejoignait Daech, tente-t-il. Ou "comme si vous me disiez que Snoop Dogg fait des soirées avec Ben Laden".
Pour la troisième fois, #Jawad Bendaoud cite Joeystarr : « c’est comme si il rejoint Daech (sic). Ça a très peu de chances d’arriver ». La présidente soupire : « on va laisser Joeystarr en dehors de tout ça »
— Margaux Lannuzel (@MargauxLannuzel) 25 janvier 2018
Et cette réflexion de #Jawad Bendaoud, au milieu d’un flot d’explications confuses : « c’est comme si vous me disiez que Snoop Dog il fait des soirées avec Ben Laden ». La présidente tente tant bien que mal de garder le fil de l’interrogatoire.
— Margaux Lannuzel (@MargauxLannuzel) 25 janvier 2018
Très difficile de comprendre et retranscrire ce que dit #Jawad tellement il parle vite. En quelques minutes, il a évoqué une fille mariée au frère du footballeur Lassana Diarra, Snoop dogg et Ben Laden. Lui-même a du mal à ne pas perdre le fil "Excusez-moi madame, j’en étais où"
— Aurélie Sarrot (@aureliesarrot) 25 janvier 2018
Quand il explique son rapport à la drogue en déclamant une comptine
Avant d'accueillir les jihadistes, Jawad Bendaoud s'était drogué. Il s'en explique en prenant à partie le public et les avocats qui assistent à l'audience : "Je sais pas si quelqu'un prend de la cocaïne dans la salle, demande-t-il. Mais c'est terrible. Tu prends un gramme, deux grammes et pic et pic et colégram."
#Jawad : On aborde le fait que Jawad #Bendaoud a pris 7 grammes "avec une copine" avant d'accueillir l'équipe. "Je sais pas si quelqu'un prend de la cocaïne dans la salle, demande-t-il. Mais c'est terrible. Tu prends 1 gramme, 2 grammes et pique et pique et colegram."
— Vincent Vantighem (@vvantighem) 25 janvier 2018
Quand il raconte sa vie de citoyen "pas honnête".
"On n'est pas des honnêtes citoyens", lance-t-il à la présidente, en expliquant qu'il n'achète jamais de puce téléphonique à son nom. A un autre moment de l'audience, il raconte que c'est l'appât du gain qui l'a incité à accepter de loger des inconnus.
#Jawad Bendaoud : "je mets jamais mes puces [téléphoniques] à mon nom. Dans mon quartier, tout le monde fait comme ça. Comme on n'est pas des honnêtes citoyens ... même au magasin, ils vous proposent directement : "j'te la mets à ton nom ou je te bidouille un autre?"
— Charlotte Piret (@ChPiret) 25 janvier 2018
« Madame il y avait un billet à prendre, je ne vais pas cracher dessus, même si c’est 20 euros » #Jawad à la présidente pour expliquer pourquoi il a laissé le logement à Hasna et à ces deux hommes
— Aurélie Sarrot (@aureliesarrot) 25 janvier 2018
Quand il parle de ses relations avec les femmes
Les débats se sont aussi aventurés dans les recoins de la vie privée de Jawad Bendaoud. L'intéressé s'est ainsi cru autorisé à évoquer "son style de filles", ou la façon dont il s'est fait "griller" par sa femme alors qu'il la trompait avec une autre. Enfin, il explique s'être drogué pendant plusieurs jours après qu'une "copine" lui a annoncé être enceinte de lui.
"Mon style de filles, c'est pas les maghrébines, je vous le dis tout de suite"
— Cécile de Sèze (@CecileDSZ) 25 janvier 2018
-"ah mais vous dites ce que vous voulez", rétorque la présidente à #Jawad Bendaoud @RTLFrance
#Jawad : Là, il précise qu'il n'a jamais tapé sa compagne. "De toute façon, je lui mets un coup de poings, je la tue !"
— Vincent Vantighem (@vvantighem) 25 janvier 2018
#Jawad : On en vient à un élément à charge. Pourquoi est-il resté 3 minutes au téléphone avec Hasna. "J'ai une sale habitude, je ne raccroche jamais. Je jette le téléphone. Une fois, ma femme a appelé. J'étais avec une fille. Elle a demandé 'où est mon string' ? J'étais grillé !"
— Vincent Vantighem (@vvantighem) 25 janvier 2018
#Jawad Bendaoud : "j'ai une petite information à vous donner. J'ai trompé ma femme avec une copine. Le 13 novembre, elle m'annonce qu'elle est enceinte. Les jours après, j'ai passé le temps à me défoncer car je sais pas comment je vais gérer le problème."
— Charlotte Piret (@ChPiret) 25 janvier 2018
Quand il livre des détails intimes dont on se passerait bien
La présidente : "quand Mohamed Soumah vous appelle le soir du 17, vous êtes où?"#Jawad Bendaoud : "je suis formel, j'étais dans ma salle de bains, tout nu et rempli de mousse."
— Charlotte Piret (@ChPiret) 25 janvier 2018
Et d'ajouter : "Nous on a toujours sous les testicules un petit peu de drogue, vous voyez? " #Jawad
— Aurélie Sarrot (@aureliesarrot) 25 janvier 2018
Quand son cerveau lui "joue des tours"
Durant l'audience, Jawad Bendaoud s'est parfois emmêlé les pinceaux, confondant par exemple son complice présumé, Mohamed Soumah, avec le terroriste Abdelhamid Abaaoud. "Mon cerveau, il me joue des tours", explique-t-il, rappelant qu'il est "depuis vingt-sept mois à l'isolement" en prison.
« Madame ça fait 27 mois que je suis à l’isolement, mon cerveau il me joue des tours » dit #Jawad à la présidente après avoir désigné plusieurs fois Abaaoud en l’appelant Soumah
— Aurélie Sarrot (@aureliesarrot) 25 janvier 2018
Quand il donne quelques détails vestimentaires... et se renifle les aisselles
#Jawad Bendaoud montre sa veste rouge : "c'est la veste que je portais quand Abdelhamid Abaaoud est arrivé chez moi, c'est pour cela que je l'ai mise aujourd'hui."
— Charlotte Piret (@ChPiret) 25 janvier 2018
Ce moment où, alors qu'une assesseure lui pose une question, #Jawad Bendaoud enlève sa veste et se renifle les aisselles.
— Charlotte Piret (@ChPiret) 25 janvier 2018
Ce moment où #Jawad Bendaoud fait du placement de produits : "j'ai mis un T-shirt Kenzo, du parfum Diesel, ma veste Scott"
— Charlotte Piret (@ChPiret) 25 janvier 2018
Quand il évoque ses codétenus
Un détenu qui crie "Allah Akbar" n'est pas forcément radicalisé, explique Jawad Bendaoud. Avec cette observation à l'appui : "Vous voulez que je vous cite le nombre de détenus qui crient 'Allah Akbar, quand je sors je vais tout faire péter' et quand ils sortent, ils se tapent 1 mojito et 1 escort-girl ?"
"Madame,j’étais en prison, j’étais rempli de haine,on me met au mitard (...) vous voulez que je vous cite le nombre de détenus qui crient 'Allah Akbar,quand je sors je vais tout faire péter' & quand ils sortent,ils se tapent 1 mojito et 1 escort-girl?" #Jawad à la présidente
— Aurélie Sarrot (@aureliesarrot) 25 janvier 2018
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